Cristina : L'interview vérité ! interview publiée dans le magazine "Sorrisi e canzoni TV" (un peu l'équivalent de notre "Télé loisirs"). Etrange destin que celui de Cristina D'Avena. Avec ses chansons et ses programmes pour enfants , elle a trois générations de jeunes téléspectateurs. Aujourd'hui, après 20 années de succès, elle se voit refuser la possibilité de devenir grande. Soyons clairs : la popularité de Cristina D'Avena est encore très grande. Mais aujourd'hui, alors que la quarantaine approche, l'image de la brave fille toujours souriante arrive dans un chemin étroit" Le fait est que j'ai un peu peur de la nouveauté. Les années ont passé et je me suis retrouvée prisonnière d'une image que j'ai contribué à créer. Pourtant, j'ai fait beaucoup d'autres choses dans ma vie. Je sais jouer la comédie par exemple. Savez vous que la série " Love me Licia ", dans laquelle j'ai joué a fait presque 5 millions de téléspectateurs ? Nous faisions même de l'ombre au journal télévisé ! Je me souviens qu'à l 'époque, le directeur de la chaîne, Giorgio Gori, m'a même téléphoné pour me complimenter ".
Puis le vent à tourné...
" Oui, mais ce n'est pas du à une baisse de popularité de ma personne. Je vous donne un autre exemple. Durant la saison 93/94, j'ai fait partie de l'équipe de l'émission " Buona Domenica ". Les taux d 'écoute nous ont donné raison. Nous avons même réussis à battre " Domenica In " (une émission qui marchait très bien). L'année suivante, quasiment toute l'équipe fut reconduite... A deux exceptions près, moi et le magicien Binarelli ".
Personne ne vous a fournit une explication ?" Jamais. Plus récemment, j'aurais été contente de connaître les raisons des refus liés à ma participation à certaines fictions ".
Tu as pris part à beaucoup de casting ?" Ecoute, je fais partie de l'histoire de la télévision italienne. Je me suis donnée à ce métier depuis plus de 20 ans. J'ai vendu 4 millions de disques. Faire mes preuves comme une apprentie actrice me paraît humiliant. Disons que je me suis proposée. Dans le fond, grâce aux fictions, aujourd'hui en Italie, on donne sa chance à tout le monde. Ou presque ".
Vous pensez qu'il y a discrimination ?" Dans un certain sens. Je ne comprend pas, je n'ai cassé les pieds de personne. Je ne demande pas grand chose au fond. Je veux seulement qu'on me laisse la chance de prouver ce que je peux faire ".
Penses tu à une fiction en particulier ?" Dernièrement, je n'en ai pas vu d'intéressante. "Un medico in famiglia " serait parfait pour moi, j'ai fait des études de médecine. Je n'ai pas de prétentions particulières. Je demande juste qu'on me laisse faire un essai ".
Costanzo dans les derniers rendez-vous de " Buona Domenica " t'a invité souvent...
" Oui, ce fut là une agréable surprise. Voir Costanzo à l'œuvre, c'est comprendre la télé. Elle lui doit beaucoup. Mais je ne peux pas avancer dans la vie en ne faisant que "l'invitée". Je suis de la vieille école, j'ai besoin de sentir que je fais partie d'une équipe. Et d'avoir un scénario dans les mains ".
Et si c'était le public qui avait tourné le dos ?" Impossible. Je fais des spectacles, je reçois des milliers de lettres, je connais ma situation. Les gens me connaisse... Et ils m'aime".
Tu ne trouves pas que la télévision à changé ces dernière années ?" Et comment. Maintenant, les gens veulent s'asseoir dans leur fauteuil et commencer de suite à se distraire. Le public d'aujourd'hui veut tout et tout de suite. Mais trop, c'est trop. Les gens ne réussissent plus à imaginer les choses parce qu'ils les ont déjà devant les yeux".
C'est aussi valable pour les enfants..."Là, le problème est encore plus sérieux. J'ai travaillé pendant vingt ans en pensant à eux. Et vous savez ce que me frappe ? Je ne trouve plus d'enfants qui sache raconter des histoires. Quand j'étais petite, les jeux se construisaient grace à l'imagination. Aujourd'hui, les enfants ne prennent plus le temps, le jeu doit commencer tout de suite. Ils ne savent plus créer des choses par eux-mêmes. Un des effets de la Playstation".
Tu vois la Playstation comme une rivale ?"Non, c'est juste une de leur grande source de distraction. Mais ce n'est pas la peine de s'en prendre aux gamins. C'est la faute des parents qui ne savent plus dire non. Enfant, la poupée que je recevais pour Noël, j'en revais déjà au mois d'aout".
Tu regardais beaucoup la télévision quand tu étais petite ?"Non. Mais ce que je regardais était vraiment très bien. C'était la "TV dei ragazzi" à cette époque là".
Aujourd'hui, il n'y a plus que des dessins animés..."Il n'y a plus de contenu. Peut être qu'en terme de ventes publicitaires ce ne serait plus rentable".
Les dessins animés japonais pour lesquels tu as chanté des centaines de sigle sont souvent qualifiés de violents."Je chante seulement pour des dessins animés selectionnés. Mais que peut on y faire : les Pokemon sont un phénomène mondial que la télévision italienne ne peut ignorer. Ce serait impensable de continuer de diffuser "Lady Oscar" alors que tout le monde va dans un autre sens".
Tu as déjà pensé avoir un enfant à toi ?Oui, comme tout le monde".
Qu'est ce que tu lui feras voir ?"Cristina D'Avena. J'ai toutes mes séries en video".
Rien d'autre ?"Pas grand chose d'autre".
Et si à 20 ans ton fils te demande pour participer à "Grande Fratello" (équivalent du Loft) ?"Içi le problème est plus complexe. Soyons clair, je suis très heureuse que soit offerte une chance aux jeunes de travailler à la TV. J'ai pourtant l'impression que toutes ces émissions "ouvertes", qui promettent gloire et célébrité sans fournir aucun travail, cherchent à duper les jeunes. Maintenant devenir acteur, musicien... semble devenu un jeu".
Et ce n'en est pas un ?"Non, ça ne l'est pas vraiment. A la fin, on doit payer. De mon temps, on devait repartir en arrière, on pleurait. Aujourd'hui il est plus facile d'être choisi. Mais on est aussi beaucoup plus facilement oublié. Et ce n' est que plus douloureux."
Tu penses que les jeunes de "Grande Fratello" vous ont volé la scène ?"C'est un fait. Mais je ne m'en soucie pas plus que ça. Ils ont leur moment de gloire. Moi, en revanche, à la télévision, j'ai une histoire".
Tu n'a jamais eu recours a des compromis pour avoir plus d'espace ?"Jamais, vraiment jamais".
Et aujourd'hui, tu rennoncerais à ton image de l'amie des enfants pour travailler dans une fiction ?Je ne crois pas que quelqu'un a envie de me voir sur une des chaines. Mais, plus généralement, la télévision a besoin de changement. Alors je le dis : parlons en. Je pourrais surprendre pas mal de monde".
A quelle chose dirais tu non ?Je ne pourrais pas cesser de chanter pour les enfants. J'aime mon travail, même si aujourd'hui je m'y sens un peu à l'étroit. Je rêve d'un quiz à équipes et d'un théâtre musical pour les enfants. Je continuerais à pousser toutes les portes. Je suis de l'école de "l'Antoniano", j'ai étudié avec Mariele Ventre. On ne m'arrêtera pas facilement".